Expo Afrique

"Bobo-Dioulasso, je raconte ma vie, je raconte ma ville"

(Résidence artistique soutenue par la ville de Saint-Étienne
et par les Instituts Français de Paris et de Bobo-Dioulasso)

En février 2015, je me suis rendu avec Véronique Vernette (auteur-illustratrice) au Burkina Faso afin de récolter des témoignages d'habitants de la ville de Bobo-Dioulasso.
 Le fruit de cette coopération artistique est présenté sous forme d'exposition mêlant témoignages écrits, illustrations et photographies.

Il a par la suite été édité par Points de suspension Éditions



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«Mali, Burkina-Faso : 
Scènes de vie en Afrique de l'Ouest »

« Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. Certains pensent qu’ils font un voyage, en fait, c’est le voyage qui vous fait ou vous défait ».   Nicolas Bouvier


Tout part de là...

Juin 2002, premier voyage hors des sentiers battus dans le Haut-Atlas marocain.

Après avoir traversé en chameau les premières dunes de Merzouga, je tombe sur un panneau dressé au milieu de nulle part. Ce support en bois, rongé par le vent et le sable, indique une direction presque hasardeuse pour un novice du désert comme moi : "Tombouctou 52 jours de chameau".

La surprise, quasi irréelle, me fait sourire. Je la prends en photo comme s'il s'agissait d'un trophée. Triste erreur de ma part : on ne saisit pas l'insaisissable...

A mon retour à Saint-Étienne, ce petit panneau me hante encore. Mon sac n'est pas rangé que je fais déjà des recherches sur le Mali. Dans les guides, personne ne conseille de visiter en priorité la "perle du désert" aux 333 Saints pour des raisons évidentes de sécurité d'autant plus que la ville semble décevoir beaucoup de voyageurs.

Mes nombreuses lectures de récits de voyage ne font qu'attiser ma curiosité, même si ces derniers s'accordent à dire que Tombouctou n'est qu'une ville chimérique qui ne brille que par son passé.

C'est donc bien parce qu'il n'y avait rien à voir que j'y suis allé...

Depuis, j'ai effectué dans un cadre personnel ou associatif six périples au Mali, notamment dans la région du Gourma-Rharous, entre Tombouctou et Gao, puis six autres au Burkina Faso.

C'est le voyage qui m'a amené à la photographie et à l'écriture avec, notamment, l'envie de faire partager un certain regard sur le monde qui nous entoure. Mon sac à dos est toujours prêt et mes chaussures n'attendent qu'une chose : refouler la terre africaine. Le voyage coule dans mes veines et c'est bien lui qui me fait.         

                                        
Ousmane Diarra, ami et écrivain Malien, auteur de "Pagne de femme" et de "Vieux Lézard" me fait l'honneur de m'adresser un petit texte qui traite de mon exposition photographique...


"Je me souviens. Avec Arnaud Rodamel et d’autres membres de l’association MALIRA, nous avons fait ensemble le voyage du Gourma, au Mali. C’était dans le cadre de la promotion du livre et de la lecture et j’étais invité comme auteur et bibliothécaire. C’était, je crois, en 2005. C’était la première fois que moi-même, Malien du Sud, je visitais ces régions. J’ai été tellement enchanté par la beauté des paysages et l’humanité et la bravoure des hommes, des femmes et des enfants qui y habitent que j’y serais resté vivre…
Le Gourma, région de Tombouctou, est sans conteste l’une des régions les plus belles du Mali, où les dunes de sable jaune et les mares (bourgoutières) à la boue noire se succèdent, où les épineuses et les bosquets touffus, domaines des éléphants et des girafes, se côtoient ; tout comme coexistent les Touaregs nomades, Peuls semi-nomades, Songhaïs et Bambaras…, tous sédentaires.
C’est toutes ces beautés féeriques que l’œil de l’artiste Arnaud Rodamel, à travers ses photos, nous montre avec talent, tout en les immortalisant. Je ne savais pas que sous la peau de ce bibliothécaire passionné de livre et de lecture, se cachait (avec quel sens de la modestie !) cet écrivain doublé de photographe passionné, et surtout talentueux.
En effet, de l’habitat aux habitants, en passant par le paysage, rien ne lui échappe. Pour réussir une telle œuvre, il ne faut pas seulement avoir de l’œil, mais surtout le cœur. Oui, le cœur du poète, en plus de l’œil du photographe. Car ses photographies chantent comme les comptines du terroir, réconfortent, adoucissent le cœur comme les comptines des mamans touarègues, peules et songhaïs du Gourma.
           Je veux dire que pour réussir de tels clichés, il faut avoir aimé, et passionnément et sincèrement aimé les hommes et les femmes et les enfants des lieux visités. Il faut, sans retenue, avoir partagé leur quotidien frugal, mais oh combien humain ! Pour saisir et offrir au monde, malgré l’apparente précarité de leur existence, ce qu’il y a de plus beau, de plus humain dans leur culture, dans leur habitat, dans leur folklore, dans la préparation de leurs mets offerts avec amour. Il y a de l’art, dans tout cela, un art que seul l’œil d’un « globe-rêveur » comme Arnaud Rodamel peut saisir.
En visionnant ces photographies ou plutôt ces tableaux de maître, j’ai été très sincèrement subjugué la beauté et l’humanité qu’elles dégagent. Je me suis régalé de leurs parfums, parfums du terroir du Gourma. C’était comme si j’effectuais de nouveau le voyage que j’avais fait il y a plus de dix ans, « Aux temps de la baraka », comme le dirait Younouss Hamey Dicko, ce poète malien originaire du même terroir.